Les premières esquisses de la 365 GTB/4 débutent courant 1966 à une période assez sombre de la marque au cheval cabré. Voulant à
tout prix rester une entreprise indépendante, Ferrari doit effectivement faire face à de gros problèmes financiers. En Formule 1
les succès se font rares, et la mise à mal de Ford et de ses GT40 en compétition se fait plus amère à chaque défaite. Même sur
la route la supériorité de Ferrari est contestée par Ferruccio Lamborghini et sa fantastique Miura, la rumeur raconte même que ce
dernier s’était mis en tête de construire des automobiles après un différent avec Enzo Ferrari sur le manque de fiabilité des
embrayages de ses 250 GT.
En 1967 la ligne définitive de la remplaçante de la 275 GTB est quasi fixée, PininFarina respecte ainsi la vision de la voiture de sport
propre à Enzo Ferrari , une berlinette à moteur avant. C’est au Salon de l’Automobile de Paris de 1968 qu’est enfin dévoilée la nouvelle
égérie de Ferrari pour la route. En l’honneur du triplé de 330P4 victorieuses aux 24h de Daytona qui avait enfin permis d’écraser Ford
sur son terrain en 1967, le public ne tardera pas à donner son surnom, toutefois non-officialisé par la marque, à la 365 GTB/ 4: la
« Daytona » était née.
Les premières livraisons clients commencent en 1969, à peu près au moment où Fiat devient actionnaire à 50% de la firme de Maranello mettant
fin à tous les problèmes de trésorerie de la marque. A l’automne, au salon de Francfort, est présentée la version spider de la 365, la GTS/4.
Seulement 127 modèles sortiront des ateliers Ferrari jusqu'à l’arrêt de la production, ce qui en fait un modèle extrêmement rare en Europe
quand on sait que 96 d’entre elles sillonnent les routes américaines. Elle deviendra même une icône du petit écran en étant choisie pour être
la voiture de Sony Crocket dans la série TV « Deux flic à Miami » durant les deux premières saisons, malheureusement les 365 GTS/4 employées
pour le tournage n’étaient que des répliques sur base de corvette.
A sa sortie, la proue de la voiture adopte des phares sous plexi, mais en 1970 l'administration américaine refuse son homologation, ils seront
donc escamotables sur les modèles destinés outre-Atlantique avec la partie tôlée entre les phares peints en gris pour imiter les versions
européennes. Rapidement cependant, l'avant sera intégralement peint couleur caisse et en 1971 ce sont les versions européennes qui reprennent
la solution escamotable pour des raisons de coût de fabrication.
Son long capot, son poste de pilotage reculé, et son arrière très court en font une voiture très moderne pour l’époque. A noter l’utilisation
pour la première fois de jantes alu à cinq branches dont le dessin inspiré de celles des Ferrari de Formule 1 restera l’identité de la marque
jusqu’à la fin des années 80.
Côté moteur, c’est bien évidemment un V12 qu’emploie Ferrari pour propulser son vaisseau amiral, d’une cylindrée de 4,4 litres il possède
quatre arbres à cames en tête, un carter sec et deux soupapes par cylindre, le tout alimenté en air par six carburateurs Weber double
corps de 40mm. Aidé par une boîte de vitesse manuelle à cinq rapports, la « Daytona » était capable d’atteindre la vitesse de 278 km/h et
d’abattre le 0 à 100 km/h en 5,7 secondes, des performances que peu de voitures osent prétendre, même de nos jours.
Ferrari reste fidèle à ses habitudes et conçoit un châssis en tubes soudés de section ovale avec un empattement identique à sa devancière,
mais des voies élargies pour une tenue de route accrue. Assisté par quatre freins à disques ventilés, au refroidissement optimisé, cachés
derrière des pneus Michelin de 215/70 montés sur des jantes de 15 pouces, cet ensemble confère à la 365 GTB/4 une répartition des masses
idéales et un équilibre étonnant avec de vraies performances sans toutefois affecter un excellent confort.
Contrairement aux habitudes de la marque de dériver ses modèles de course à la route, c’est en faisant le chemin inverse que quinze
« Daytona » seront préparées par l’usine, dans le département client, sous la pression de ses clients et des importateurs, pour la compétition
de 1971 à 1973, à raison de 5 par an. La puissance du V12 des dix premiers modèles est poussée à 400ch à la place des 352 d’origine, ce qui lui
confère une vitesse de pointe de 297 Km /h.
La « Daytona » Competizione court tout d’abord en catégorie Sport Prototype mais en 1972, la production de série ayant atteint le cap des
500 exemplaires produits, elle intègre le groupe IV, le championnat de voitures de grand tourisme spéciales. Les 5 derniers exemplaires construits
en 1973 voit leur puissance poussée à 450ch grâce notamment à l’adoption de pistons spéciaux augmentant le taux de compression, de nouvelles
bielles type course comme sur les 250 GTO, de quatre pompes à essence et d’une distribution plus pointue.
C’est à la fin de 1973 que la production de la 365 GTB/4 prend fin laissant place à la nouvelle 365 GT4 BB et son 12 cylindres à plat implanté
au centre de la voiture. Si à son lancement les critiques concernaient son conservatisme trop marqué, notamment au niveau de son architecture
et surtout par comparaison à la révolutionnaire Lamborghini Miura, la « Daytona » marquera le début d’une longue collaboration avec le
manufacturier auvergnat Michelin et laissera, avec ses versions Competizione, un palmarès impressionnant en endurance. Avec près de 1500
exemplaires construits en série, 24 versions "Competizione" (un prototype, quinze officielles et huit conversions reconnues), tous ces choix
techniques traditionnels feront le charme et la force de la 365 GTB/4 « Daytona ».