En 1956, Ferrari, présente celle qui va devenir sa première cabriolet construite en série, la 250 GT Cabriolet PininFarina. Après une
250 GT coupé, à vocation "touristique", et une 250 GT Berlinette destinée à mener la double vie de routière et pistard, une déclinaison
découvrable était devenue quasi incontournable. Cette voiture n'a pourtant qu'un but purement touristique et reste assez pataude sur la
route. De l'autre coté de l'Atlantique, plus précisément en Californie où il fait beau toute l'année, les amoureux de Ferrari espèrent
de plus en plus un modèle cabriolet aux lignes sportives, élégantes et agressives, aussi capable d'en découdre avec la piste.
C'est donc sous l'influence des deux plus importants concessionnaires américains Jon Von Neumann pour la Californie et Luigi Chinetti
pour la partie Est des Etats-Unis, que Ferrari développe ce cabriolet sportif dont tout le monde rêve, et présente le prototype de ce
qui sera la 250 GT California Spyder en 1957, son nom étant un clin d'oeil à sa future clientèle.
Toujours dessinée par Pininfarina mais assemblée cette fois par la Carrozzeria Scaglietti, comme la plupart des modèles de compétition
Ferrari, elle est entièrement montée à la main. Sa production en série débute mi 58. Dérivée de la 250 GT Berlinetta, elle en reprend
l'essentiel de son châssis toujours avec le fabuleux V12 Colombo de 3 litres développant 240 ch. Accusant un poids de 1050 kilos sur la
balance, elle abat le 0 à 100 en 6,5 secondes et atteint la vitesse maximale de 280 km/h.
Sa carrosserie en acier avec tous ses ouvrants en aluminium est considérée comme une des plus belles réalisations de l'usine de Maranello.
Ses performances de voiture de course, son nombre d'exemplaires limité et ses spécifications propres à chaque modèle expliquent sûrement
l'intérêt qu'on lui porte encore aujourd'hui.
De 58 à 60 la 250 California est montée sur le châssis long, dit LWB, de la 250 GT Berlinetta, mais quand son aînée réduit son empattement
de 2,60m à 2,40m, elle adopte tout naturellement cette nouvelle architecture. Outre le passage de son moteur des 240 à 280 ch grâce à
une nouvelle culasse avec des soupapes et des carburateurs plus gros , on peut noter le remplacement des tambours de frein par des disques,
l'élargissement des voies et une diminution de la hauteur de caisse.
Toutes ces évolutions donnent des proportions plus compactes qui rendent la nouvelle 250 GT California Spyder SWB beaucoup plus musclée.
Toutefois difficilement reconnaissables, ces deux versions se distinguent principalement par le dessin de la prise d'air sur le capot, celle de
la SWB étant à demi encastrée.
Sur la route la 250 GT Califonia Spyder SWB est désormais beaucoup plus efficace dans les courbes et l'adoption des disques de frein
lui confère un meilleur équilibre sur les freinages intensifs.
Moins précise, moins rapide et surtout moins agile que son modèle, la 250 GT Berlinetta, plusieurs châssis LWB seront engagés dans
de nombreux championnats. Richie Ghinter, qui deviendra plus tard un pilote Ferrari officiel, effectuera même ses débuts en compagnie
de Howard Hively sur le châssis 1085GT et, ensemble, termineront les 12 heures de Sebring 1959 à la neuvième place du classement général
pour le NART, l'écurie de Chinetti. Certains seront même engagés aux 24 heures du Mans dont 1451GT, qui terminera 5eme de l'édition 1959
avec le Français Fernand Tavano et le richissime Américain Bob Grossman. A partir de mai 1960, les SWB remplacent petit à petit les LWB
et continuent d'alimenter le palmarès en compétition des 250 GT California Spyder.
Il est toujours délicat de parler chiffre de production lorsqu'on évoque un modèle Ferrari si ancien, tant les archives d'époque sont
floues et disséminées un peu partout, l'un des châssis SWB n'a-t'il pas refait surface il y a peu, alors qu'il avait été perdu de vue
pendant près de 30 ans par tous les spécialistes de la marque ? Quoi qu'il en soit si l'on fait les comptes, il semblerait que 46 châssis de
LWB aient vu le jour dont une dizaine orientés compétition, et que l'on dénombre 55 SWB dont une douzaine construit pour la piste.
Désormais considérée comme l'une des plus belles Ferrari et l'un des plus beaux cabriolets de l'histoire automobile, la 250 GT California
Spyder est très prisée des collectionneurs et atteint des sommes records à chacune de ses ventes aux enchères. En mai 2008, l'animateur de
télévision Chris Evans en a acquis une (2377GT), ex-propriété de l'acteur américain James Coburn, pour environ 7 millions d'euros et celle
citée un peu plus haut (2935GT), disparue des écrans radars pendant 3 décennies et ayant appartenu à l'acteur Français Alain Delon, s'est
arrachée plus de 16 millions d'euros en février 2015.