L'écurie Francorchamps, connue dans le monde entier pour faire courir les "Ferrari jaune", a été dirigée d'une main de fer par le belge
Jaques Swaters, de 1952 à 1982.
C'est à 22 ans que ce passionné d'automobile et pilote, prend le départ de sa première course aux 24 heures de Spa-Francorchamps 1948 dans une
MG de type P.B. avec comme co-pilote son compatriote Paul Frère. En 1950, il fonde avec ses amis Charles de Tornaco, Roger Laurent et
André Pilette, l'Ecurie Belgique, avec laquelle il prend part à deux Grand-Prix cette année-là sur une Talbot-Lago T26C jaune, la couleur
de la Belgique.
Pour financer ses ambitieux projets de course, il crée le Garage Francorchamps, aux portes de Bruxelles, qui entretiendra et préparera les
voitures de l'écurie.
Tombé amoureux de la Ferrari 166 de Luigi Chinetti et de la sonorité envoûtante de son V12 lors des 24 heures du Mans de 1948, il acquiert
sa première Ferrari, une 500 F2, en 1952. Arrivé à Maranello pour en prendre livraison, le bolide n'est pas prêt. Il devra encore attendre
deux jours et pour ne pas rater le départ du Grand Prix de Chimay auquel il participe, il prendra directement la route vers la Belgique au
volant de la monoplace, sans phares ni plaques d’immatriculation !
C'est aussi en 52 que le Royal Automobile Club de Belgique fait interdire à l'équipe d'utiliser le nom de son pays et c'est donc tout
naturellement que Swaters prend comme nouvelle appellation, le nom de sa ville de naissance, l'Ecurie Francorchamps est née.
En 1954, au salon de l'automobile à Bruxelles, le garage Francorchamps vend sa toute première Ferrari et devient ainsi le premier
importateur européen de la marque au cheval cabré. Plus tard, les ventes progresseront pour se situer aux alentours de 80 véhicules par an
dans les années 60. De 1980 à 90, les ventes culmineront même à plus de 150 par an, faisant de Swaters le plus gros importateur
Ferrari en Europe, deuxième au niveau mondial, derrière Chinetti en Amérique.
A la fin des années 1980, il construit son rêve, un bâtiment de 7000 m² entièrement dédié à la gloire du cheval cabré, la FF Galleria,
où on pourra retrouver plus de 100 000 pièces comme des documents, des maquettes, des modèles uniques ou encore des objets de la
famille Ferrari. Une grande partie de cette collection sera vendue aux enchères le 18 mai 2008.
A partir de 1957, au terme de sa carrière de pilote, il se consacre exclusivement à la gestion de l'écurie Francorchamps et jusque en
82, disputera une foule d’épreuves en catégories Grand Tourisme et Sport-Prototypes, ainsi que quelques Grands Prix de Formule 1. Ses
courses d’endurance préférées seront le Tour de France Automobile et les 24 heures du Mans.
C'est en 1953 que l’écurie Francorchamps participe pour la première fois aux 24 Heures du Mans avec une Jaguar Type C. Cette même
année, Jaques Swaters décroche sa plus belle victoire, lors du Grand Prix de Berlin avec sa fameuse Ferrari 500 F2.
L'écurie obtiendra son meilleur résultat officiel au Mans en 1965 avec la 275 GTB, châssis 6885, qui termine à la
troisième place. Officiel, car lors de cette édition, Jaques Swater partage une deuxième voiture avec un investisseur Français, Pierre Dumay.
Inscrite sous le nom de ce dernier, la 250 LM N°26, châssis 6313, a failli créer la surprise puisqu'en tête depuis minuit, elle
possède un tour d’avance sur la deuxième à 14 heures. Mais un pneu déchappe dans la ligne droite des Hunaudières et elle ne terminera qu'à
la seconde place derrière une autre 250 LM, le châssis 5893, inscrite par le N.A.R.T. et qui reste à ce jour la dernière victoire au Mans d'une
Ferrari.
De 1956 à 1964, l’écurie participe chaque année au Tour de France. Elle s’y illustre particulièrement, terminant à la deuxième place en
1959 avant de s’adjuger l’épreuve par trois fois. Avec la Ferrari 250 GT, châssis court 2069GT, en 1960 et 1961 grâce à Willy Mairesse
et Jojo Berger et en 1964, avec la Ferrari 250 GTO châssis 4153GT, pilotée par Lucien Bianchi et Jojo Berger
En 1966, l'équipe part à la conquête de l'Amérique en participant au 24 heures de Daytona avec un jeune pilote belge prometteur, Jacky Ickx.
Malheureusement cette année-là, ni la 365 P2 (0828), ni la 250 LM (5843) engagées ne verront le drapeau à damier.
L'écurie Francorchamps n'a jamais été aussi officielle que le North American Racing Team qui était presque une seconde équipe d'usine,
mais les liens d'amitié qui unissaient Enzo Ferrari et Jacques Swaters permettaient bien souvent à ce dernier d'être privilégié et d'obtenir
des voitures quasi identiques à celles engagées par la Scuderia. Enzo Ferrari n'a-t'il pas confié la quatrième de ses exclusives 156 F1 à
Olivier Gendebien, pilote de l'écurie Francorchamps, pour la saison de Formule 1 de 61 ?
L'écurie Francorchamps cesse ses activités en 1982, le garage Francorchamps ferme ses portes en 2004 après 54 ans d'activité et environ
3500 Ferrari commercialisées en Belgique. Après avoir collaboré en 2005 avec Jean Graton, le créateur de la BD Michel Vaillant sur
"les dossiers Michel Vaillant" dédiés à Enzo Ferrari, Jacques Swaters meurt le 10 décembre 2010 à 84 ans. Au cours de toutes ces années
dédiées à Ferrari, il aura su représenter la Belgique et imposer les voitures de Maranello dans quelques-unes des plus grandes courses
automobiles de l'histoire.
Voici un petit shooting de quelques voitures ayant couru sous la banière "Francorchamps", une 250 GT Berlinetta, une 250 GTO
et une 250 GT/L Berlinetta Competizione. A noter que la 599 GTO présente n'a jamais appartenu à Jacques Swater, ni même vu une compétition,
c'est une livrée spéciale disponible au catalogue rappelant la 250 GTO gagnante du Tour de France 1964.