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Ferrari 612 P (1968/69) - Châssis 0866



C'est pour le Canadian-American Challenge Cup de 1968 que Ferrari développe la 612 P, communément appelée 612 Can-Am. La saison précédente, les 350 P engagées, à l'origine deux 330 P4 reconverties, n'avaient pu s'imposer face aux redoutables McLaren M6A et leurs gros V8 de 6 litres. Il a donc été décidé à Maranello de ne plus transformer de prototypes sport étudiés pour l'endurance mais de construire une nouvelle voiture spécialement pour les courses nord-américaines.
Les deux barquettes portant les numéros de série 0864 et 0866 s'articulent autour d'un châssis multitubulaire en acier, renforcé par des panneaux rivetés en aluminium. Le gros du travail est porté sur le moteur, un V12 de 6,2L délivrant 620Ch à 7500 tr/min couplé à une boîte de vitesses à quatre rapports, à l'époque un des plus gros moteurs Ferrari jamais construit. Pour augmenter sa stabilité à haute vitesse les ingénieurs de Maranello installent sur le "dos " de cette 612, un aileron proéminent, déjà testé en Formule 1, qui à la particularité de pouvoir être réglé par le pilote en pleine course grâce à un système hydraulique motorisé. Avec une carrosserie réalisée entièrement en aluminium, son poids total à vide n'excède pas 700 kg.
Prévu pour la saison 1968, le projet prendra beaucoup de retard et les essais des deux prototypes n'auront lieu que le 2 octobre alors que le championnat Can-Am bat son plein. Un seul, le 0866, sera prêt et inscrit pour la toute dernière course du championnat au Stardust GP à Las Vegas. Malheureusement son pilote, Chris Amon, ne bouclera même pas le premier tour, encrassé par la tempête de sable qui s'était abattue sur le circuit la veille, les carburateurs lâchent.
A noter que le châssis 0864 ne verra jamais une seule course, il sera confié à Pininfarina qui en fera un prototype très futuriste et aérodynamique, baptisé Modulo et présenté au salon de Genève 1970 sur le stand Ferrari.
Pour la saison 1969, la puissance du moteur de 0866 est portée à 640ch, le dessin de son capot avant est redessiné pour une meilleure pénétration dans l'air et son poids à vide est descendu à 680 kg. En cours de saison, le gros aileron sera abandonné au profit d'un plus petit intégré cette fois sur la queue de la voiture, favorisant du même coup l'efficacité du freinage.
La Scuderia engage son unique 612P à partir de la quatrième manche du championnat Can-Am de 69, à Watking Glen où Chris Amon la hissera à une honorable 3ème place. Malgré quelques jolis podiums, le manque de fiabilité de son moteur lui fera vivre une saison décevante. Pour les deux dernières courses, les ingénieurs de Ferrari lui installent un bloc moteur de 6,9L portant sa puissance finale à 660ch et de ce fait devient 712P, mais aucun résultat n'est au rendez-vous. Ainsi s'achève sa carrière sportive.
A partir de 1970, ce châssis sera vendu et passera par d'innombrables mains. On lui changera plusieurs fois son moteur, sa cylindrée sera descendue à 5L, son nom deviendra donc 512P. Une de ses dernières apparitions était au Festival de Goodwood en 2003 aux mains de Bob Dusek, son propriétaire actuel, toujours propulsé par un moteur de 5L.