Ferrari ne participa pas à la saison 1968 du championnat du monde d'endurance, la Commission Sportive Internationale ayant introduit de
nouvelles règles rendant les voitures de Maranello obsolètes. Consciente d’avoir mis à mal le plateau des courses d’endurance, la CSI
fera machine arrière pour 1969, et une nouvelle voiture sera developpée par Ferrari,destinée à prendre la succession de la légendaire
330 P4 championne 1967.
La 312P est propulsée par un moteur V12 d'une cylindrée de 3,0 Litres (2990cm3), double arbre à came et 2 soupapes par cylindre directement
dérivé de la Formule 1. Développant 420 ch, cette nouvelle voiture accuse un poids de 680 kg lui conférant une vitesse de pointe de
320 km/h.
Trois châssis tubulaires en acier avec quatre suspensions indépendantes et une boîte de vitesse mécanique à 5 rapports, seront construits. Tout
d'abord 0868 présenté à la presse en version spyder le 14 décembre 1968 à Modene, 0870 le 29 mars et vers la fin avril 1969, 0872 en version
berlinette, équipé d'un toit pour un meilleur effet aérodynamique, version qui vous est presentée ici.
0868 est donc le premier châssis à sortir des ateliers de Maranello, Ferrari avait l'intention de le faire participer à la manche d'ouverture
du championnat d'endurance à Daytona, mais, gravement endommagé lors des essais, il ne sera pas prêt pour la course.
La première sortie officielle d'une 312 P est donc aux 12 Heures de Sebring le 22 mars où toujours ce même châssis, piloté par Chris Amon
et Mario Andretti, part de la confortable pôle position. Malheureusement des problèmes mécaniques et un accrochage lui feront finir la
course à une honorable seconde place. Par ailleurs, ce châssis finira tristement sa vie le 25 avril lors d'un grave accident aux 1000km de
Monza. Récupéré par l'usine, il ne sera jamais réassemblé mais ses restes serviront à élaborer sa remplaçante, la 512S.
Le deuxième châssis de 312P, 0870, construit aussi en spyder, participe le 29 mars 1969 aux essais pour le Mans. Enzo Ferrari lui même ne
sera pas satisfait des résultats obtenus. Après deux abandons, aux 1000km de Monza et du Nurbergring, une jolie 2eme place aux 1000km de
Francorchamps, il est converti en berlinette en une seule semaine, pour être inscrit aux 24 heures du Mans à temps, mais abandonnera suite
à des problèmes de transmission au 223 ème tour. Ce châssis rejoint le N.A.R.T. fin 1969 et sera inscrit aux principales courses de la saison
1970. Au terme de l'épreuve du Mans, il deviendra la propriété de Pierre Bardinon chez qui il est encore aujourd'hui.
Le troisième et dernier châssis, le 0872, à une histoire peu commune puisqu'il ne sera 0872 que très peu de temps et deviendra 0868 pour
participer aux 24 heures du Mans après que 0868 original fut détruit à Monza. Cela ne lui portera pas vraiment chance puisque qu'il
ne finira pas le premier tour de la couse mancelle, ayant percuté un réservoir de Porsche 917 en flamme. Personne ne s'accorde à dire depuis
s'il a repris son numéro officiel ou a conservé celui du Mans, c'est donc dans la confusion qu'on l'appelle tantôt 72, tantôt 68, il faut juste
retenir qu'à partir du 25 avril 1969 c'est le même châssis. Tout comme 0870, le N.A.R.T. l'acquiert fin 69 et le fait participer aux courses
d'endurance de la saison 70 et même 71 où il est transformé en spyder par Wayne Sparling.
Fin 1971, Luigi Chinetti, proriétaire du N.A.R.T., le démonte, et récupère son moteur, sa boite de vitesse, sa direction et ses suspensions
pour créer la Chinetti Speciale, sorte de croisement spyder entre une 312P et une 312PB. Beaucoup de ses pièces restantes, d'abord stockées, seront
finalement revendues aux quatre coins du globe, et ce n'est que début des années 80, que Carle Conway III venant d'acquérir la Chinetti Speciale
se met à la recherche de tous les morceaux de 0872.
0872 ou 0868, refait surface dans sa configuration d'origine, c'est à dire en berlinette comme lors de sa sortie d'usine, au début des
années 2000. Cette 312P est la propiété du suisse Arnold Meier depuis 2007, qui la fait participer aux plus grands rassemblements de voitures
anciennes.
Voici le palmarès des 312P:
1969
Chassis 0868, le 22 mars pour la Scuderia Ferrari, 2ème aux 12 h de Sebring: Mario Andretti & Chris Amon (n°25)
Chassis 0870, le 29 mars pour la Scuderia Ferrari, jour d'essais aux Mans: Chris Amon & Ernesto Brambilla (n°18)
Chassis 0868, le 13 avril pour la Scuderia Ferrari, 4ème aux 500 miles de Brands Hatch: Chris Amon & Pedro Rodriguez (n°60)
Chassis 0868, le 25 avril pour la Scuderia Ferrari, abandon aux 1000 km de Monza: Pedro Rodriguez & Peter Schetty(n°2)
Chassis 0870, le 25 avril pour la Scuderia Ferrari, abandon aux 1000 km de Monza: Mario Andretti & Chris Amon (n°1)
Chassis 0870, le 10 mai pour la Scuderia Ferrari, 2ème aux 1000 km de Spa-Francorchamps: David Piper & Pedro Rodriguez (n°8)
Chassis 0870, le 15 & 16 juin pour la Scuderia Ferrari, abandon aux 24h du Mans: Pedro Rodriguez & David Piper (n°18)
Chassis 0872, le 15 & 16 juin pour la Scuderia Ferrari, abandon aux 24h du Mans: Chris Amon & Peter Schetty (n°19)
Chassis 0870, le 14 septembre pour le N.A.R.T., 5ème à Bridgehampton:Pedro Rodriguez (n°12)
1970
Chassis 0870, le 31 janvier pour le N.A.R.T., 5ème aux 24h de Daytona: David Piper & Tony Adamowicz (n°23)
Chassis 0872, le 31 janvier pour le N.A.R.T., 4ème aux 24h de Daytona: M. Parkes & Sam Posey (n°24)
Chassis 0870, le 21 mars pour le N.A.R.T., abandon aux 12h de Sebring: Luigi Chinetti jr. & Tony Adamowicz(n°23)
Chassis 0872, le 21 mars pour le N.A.R.T., 6ème aux 12h de Sebring: Mike Parkes & Chuck Parsons (n°22)
Chassis 0870, le 13 juin pour le N.A.R.T., non-partante aux 24h du Mans(n°39)
Chassis 0872, le 13 juin pour le N.A.R.T., non-classée (pour distance insuffisante) aux 24h du Mans: Mike Parson & Tony Adamovicz (n°57)
1971
Chassis 0872, le 31 janvier pour le N.A.R.T., 5ème aux 24h de Daytona: Luigi Chinetti jr. & Garcia Veiga (N°21)
Chassis 0872, le 20 fevrier pour le N.A.R.T., 8ème aux 12h de Sebring: Luigi Chinetti jr. & George Eaton (N°21)
La 312P Berlinette, plus large, plus longue et plus basse qu'une 330 P4 sans en avoir le palmarès, reste peut-être le plus beau prototype
de course construit par Ferrari. La reproduction au 1/18 ème que vous allez découvrir n'est pas en reste puisqu'elle est signée CMC, gage
de perfection, et avec presque 1600 pièces et trois ans de développement, cette miniature fait bien partie du haut de gamme. Je vous propose
d'ailleurs de découvrir quelques photos de sa conception.
Mais sans plus tarder, découvrons enfin la bête...